lundi 31 août 2020

A part travailler dans ton propre domaine, tu peux aider les autres au travail ! Ou t'amuser !

 On me demande souvent ce que je fais de mon temps libre. 

Pleins de choses ! Non je ne m'ennuie pas

 Bien au contraire ...


J'ai rythmé mes semaines rapidement avec une mise au sport. Pas une remise au sport, puisque je n'en faisais pas avant mais une mise au sport. Avec le soutien de certains et une détermination bien présente, une salle de sport plutôt bien équipée pour une base en antarctique, je m'y suis mise en mars et depuis je m'y tiens :)

Puis j'aide les autres dans leurs travails, j'avoue que je traîne beaucoup avec les copines glacios, je les accompagnent dehors, je les aide sur certaines manip, mais c'est surtout de la présence. Camille et Inès, les deux glaciologues, sortent tout les jours pour : soit aller prélever des échantillons, soit maintenir des instruments essentiels aux traitements de données, elles traitent des données... Bref pleins de choses, qui nécessitent qu'elles aillent dehors tout les jours peu importent les conditions (vent ou pas vent, froid ou pas froid). 

Du coup, je me fais un plaisir de les accompagner car cela me fais sortir de mon environnement, de la base et cela me fais prendre l'air FRAIS !

Une fois par mois les filles, doivent creuser un trou, un puits plus exactement de 1m de profondeur pour faire des analyses de surface et de profondeur de la glace/neige et des prélèvements. Donc elles requièrent quelques volontaires, un à deux en général, car creuser à cette altitude ça épuise ! J'y suis donc aller quelques fois. 


Je me suis aussi proposé pour aider Sylvain, chef centrale, à la centrale électrique pour l'aider à changer des injecteurs sur un moteur pour la maintenance annuelle. C'était très sympa, Sylvain est un très bon professeur. Ce que j'aime chez lui quand tu travailles avec c'est qu'il ne te fais pas faire quelques chose pour faire quelque chose. Non, il va t'expliquer comment ça fonctionne, à quoi sert la pièce que tu vas changer, pourquoi ça ne marche plus etc.. Très agréable. Mais aussi très physique ! Quand il faut resserrer les boulons avec une énorme clé, c'est pas facile ! 

On fait pas mal de soirées aussi, des soirées à thème, des samedis soirs de folies ! 

Nous fêtons les anniversaires de chacun, en faisant en sorte qu'il soit inoubliable ( anniversaire surprise à minuit, escape game fait maison, blind test fait maison, vidéos, cadeaux maisons ou non, pour ma part je demande à l’intéressé ce qu'il souhaite manger de spéciale pour son anniversaire).


Celas nous a organisé une soirée Secret Story, cela nous a permis d'en apprendre plus sur les autres, de connaître les petits secrets de chacuns. 

 

On a eu aussi la semaine de la Mid Winter mi juin. La Mid Winter pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une semaine, un jour, un week-end ( à l'équipe de décider) de célébrations pour fêter la moitié de l'hiver donc la moitié de la nuit mais aussi la moitié de notre mission. Pour les hivernants de l'Antarctique, les bases réouvrent en générale, début Novembre, juin signifiait la moitié de notre mission.

Premier jour, on a fait soirée brésilienne avec une belle table décoré, habillé en mode plage ou footballeur. J'avais fais un repas brésilien, la doc nous a montré son voyage au Brésil puis on a fait un tournois de Baby-foot.

 
Le deuxième jour, on a fait une soirée genre école, Camille était la professeur et nous les enfants. Car après on a fait un quizz avec musiques et culture G.

Le troisième jour, c'était soirée montagnes avec le décor qui allait avec (cordes, faux sapin, casque de montagnes ...), tous déguisés en hommes de montagnes ou autres, tartiflette et fondant au chocolat (Inès et Vivien cuisinaient). Petit génépi maison en digeo et puis Celas nous avait organisé une Kermess, avec un qui est ce qui géant, un attrape pommes dans l'eau, un chamboul tout avec les boite de conserves, un Molky, les ballons à éclater avec les fléchettes ... c'était cool. Inès nous a fait un petit prote clé en bois, avec des gravures dessus.

Puis le samedi soir j'ai organisé une soirée chic et choc, j'avais fais un repas un peu gastro, j'y ai travaillé quasi toute la journée dessus, c'était plutôt usant mais le résultat était pas mal et les collègues ont adorés, c'est l'essentiel. Je devais faire un cluedo grandeur nature mais je n'ai pas eu assez de temps du coup on a fait un loup garou.

Et dimanche, le station leader a organisé un jeu typique italien qui normalement se joue avec des meules de formages mais ils nous ont fabriqués comme des rouleaux en bois avec nos prénoms gravés dessus. En fait le but du jeu c'est de lancé ton rouleau le plus loin possible grâce à une petite ficelle, un peu comme un yoyo qui se détache. On a joué à ça par -82 degrés, il faisait légèrement froid ...  On a fait aussi la photo de la mid, mon dieu que j'avais froid ahaha j'ai couru à la station pour me réchauffer, je me suis légèrement brulé la trachée (en respirant l'air froid).
Puis Celas et

Stijn le soir avait organisé un Macdo dans un shelter avec la déco et tout, on devait passé au Mcdrive dans un autre shelter et passer la commande à la radio, c'était vraiment drôle et sympa.

 

     Photo de Luca Ianiello durant le puit avec les glacio Camille et Inès.
                         Photos du haut et bas / Sylvain Guesnier

 

 

On est à la moitié de notre mission, alors ? (enfin... J'ai pré-écris cet article en juin, on est fin août ... j'abuse)

 Alors .... Ben ça se passe plutôt bien !

Ce n'est pas facile tout les jours car l'humeur peut changer rapidement. Une mauvaise nouvelle comme une bonne peut survenir à tout moment. Vous me direz, oui bah oui comme en France en fait. Bah non, ici chaque chose peut prendre une ampleur dramatique ou surjouée.

Je peux pas vraiment m'exprimer sur ce que vous avez pu vivre en France vis à vis de la situation actuelle, ce serait mal venu. Mais imaginez vous bien que nous sommes confinés pendant un an. Par contre, ce qu'il faut préciser c'est que nous nous sommes porter volontaire pour vivre cette expérience, pour être confiner. Nous avons signer pour ça en gros.

Je dis juste qu'ici c'est différent, que environnement est totalement différent, le mode de vie est différent. Donc un simple détail, peut jouer sur notre humeur du jour.

Comme détail par exemple, n’entend l'Absence de soleil. Le soleil s'est couché le 7 mai et ne reviendra que début voir mi aout.
C'est à dire que le soleil ne dépasse plus l'horizon. Il se lève, il se couche pour le reste du monde mais nous il ne nous illumine plus.
Vers 10h30 jusqu'à midi nous avons encore une faible lueur mais après nous sommes dans le noir complet. J'ai déjà entendu plusieurs fois "Ahhhhh non mais plus de soleil moi je ne pourrais pas !". Pour être honnête, pour le métier que je fais ce n'est pas aussi impactant. Pour Inès, Camille, Wenceslas, pour eux qui travaille dehors tout les jours, pour eux oui, cela a un impacte direct sur le moral. Ils marchent dehors avec une frontale, tu ne vois pas où est le shelter (petit labo hors de la station), tu ne vois pas où tu marches. C'est pas facile.

Pour ma part je me lève il fait nuit, je me couche il fait nuit. Bon.... C'est comme ça et ça me va plutôt bien. Le seul impact que je peux ressentir est au niveau du sommeil. De plus avoir de soleil ça impacte au niveau de la sécrétion de mélatonine (produit par le corps en présence du soleil), baisse des vitamines... Et ça fait que le matin je n'arrive plus à me lever. Pourtant j'aimerai me lever plus tôt mais cela devient de plus en plus compliqué.
Un autre fait, est que nous avons un sommeil très perturbé. Pour la plus part d'entre nous, notre sommeil n'est pas vraiment réparateur. On rêve BEAUCOUP, je dois faire 3/4 rêves par nuits, des cauchemars également. Et encore, ce sont deux ce dont je me rappelle. Et il y a eu des études de faites depuis des années sur le sommeil en Antarctique, surtout à cette altitude. Qui prouve que le sommeil n'est malheureusement pas assez réparateur et nous sommes rarement dans un sommeil profond. D’ailleurs nous participons a une étude sur le sommeil, en portant des bandeau pendant 2 nuits, tout les 3 ou 4 mois.

Je ne dis pas que c'est le cas pour mes 11 autres collègues, mais nous sommes une bonne majorité à rencontrer ce problème ... Des cernes énormes sous les yeux, on ne fait pas de siestes l'après midi (ou du moins pas tous) car sinon le soir on ne s'endort pas avant trèèèèès tard.

Bref, nous allons rentrer en France ou en vacances, nous allons dormir pendant une semaine aha

Pour ce qui est de la cuisine, je me suis faite ma propre organisation et mon propre emploi du temps. Quand je ressens une grande fatigue, je m'organise de façon à préparer le repas de midi du lendemain pour que je n'ai plus qu'à le réchauffer ou le mettre au four. De cette façon, cela me permet de dormir un peu plus le matin.

J'ai enfin trouvé la bonne recette de pain (depuis la fin de l'été) et je m'essaie à quelques pains au céréales.
Je me suis essayé aux croissants et chocolatines (oui je suis du Sud chez moi c'est chocolatine, ne commençons pas ce débat, j'en ai assez ici....). Ce n'est pas encore parfait mais j'y travaille et échange avec Aurore, pâtissière de DDU pour avoir quelques infos supplémentaires. Sylvain s'est essayé deux fois à la pâte feuilleté dans le but de faire des viennoiseries mais il s’est bien rendu compte que la cuisine ici n'est pas aussi simple et logique qu'en France... Du à l'altitude, le manque d'oxygène et la pression atmosphérique, les gâteaux, viennoiseries, pains ... ne poussent pas de la même façon voir pas du tout...

Tout comme les légumes secs ne demandent pas autant de cuisson... Je me suis essayé (et même battue) avec les haricots secs (rouges ou blancs), les pois chiches, les lentilles... Résultat après 24h de trempage ?
Haricot rouges plus de 15H de cuisson.
Pois chiches 10H de cuisson.
Et les lentilles mettent uniquement 2H de cuisson...

C'est pas des plus simples mais ça fais des heureux !

La crème pour la faire passer en chantilly c'est un peu compliqué. Déjà cela dépend de la crème que nous avons à disposition et de plus, par le manque d'oxygène parfois elle passe même pas par l'état aérée, elle passe de liquide à beurre (et qu'on ne viennent pas me dire que je n'ai pas surveiller ma crème dans le batteur, c'est vraiment un phénomène bizarre ici).

Je pense qu'ici, en tant que cuisinier il ne faut pas venir avec des certitudes niveaux cuisson, réactions, car c'est vraiment un endroit des plus extrêmes au monde.
On s'adapte !

La nuit est magnifique .... Je vous laisse rêver.




En cas de problème, on fait comment ?



Comme nous l'a dit Paul L., notre médecin de recrutement qui nous a fait une petite sensibilisation lors de notre séminaire en Bretagne puis à Tréminis, Concordia c'est en soit, un des endroits les plus dangereux au monde. Vous me direz on est entourés de glace, c'est pas ouf.

Mais s'ils nous arrivent quelques choses, si un feu se déclenche, un arrêt cardiaque, une disparition... On est seuls au monde. Personnes ne viendra nous chercher et encore moins nous aider.

De la période de Février à Novembre, aucun avion ne peut survoler le centre de l'Antarctique. Les températures allant jusqu'à -100 degrés avec le vent, il est impossible de venir. Le kérosène qui alimente les avions gèle à partir de -50 degrés et des poussières.

Il faut donc se former, s'entrainer pour se parer face à des éventuelles catastrophes.

C'est pourquoi nous avons former 3 équipes :
- une équipe pompiers
-une équipe secourisme
- une équipe médicale

Il faut préciser que nous ne sommes pas des professionnels, que nous ne considérons pas comme tels et surtout que nous nous entraînons justement afin d'essayer de faire le moins d'erreurs possibles pour gérer au mieux un problème éventuel.

Pour l'équipe pompiers, c'est une sacré organisation. Premièrement c'est Sylvain (chef central) qui va être notre coordinateur FEU. Petite anecdote, Sylvain travaille sur les bateaux dans la marine marchande en générale et il a l'habitude de faire quelques exercices sur les bateaux justement en cas de feu.
Puis Vivien va aussi coordiner les exercices en collaboration avec Sylvain. C'est à dire ce sont eux qui vont créer des scénarios et déclencher l'alarme, nous filmer, prendre des notes et organiser le débriefing en fin d'exercice.

Puis l'équipe pompier se compose de deux équipes : équipe 1 : Inès (glaciologue) et Andréa (mécano).
Equipe 2 : Bastien (électricien) et moi même.

Quand l'alarme sonne, il faut se déplacer rapidement jusqu'à notre casier attitré et se changer en tenue, se rendre sur le point de rendez vous et écouter les consignes de Sylvain.
Exemple d'exercices: éteindre un feu dans une chambre, sortir deux victimes inconscientes dans le garage, sortir une victime dans les sous bassements, utiliser les lances à incendie...



Puis vient l'équipe RESCUE autrement dit, secourisme.
Composée de : Stjin (docteur ESA), Andréa, Inès, Bastien, Sylvain, et parfois Alberto.
Cette équipe est sollicitée lorsqu'une personne est en danger à l'extérieur ou même à l'intérieur de la base.
 C'est à dire qu'elle va s'occuper d'amener la personne à l'hôpital mais de façon sécurisée : Stijn (docteur ESA) a la formation secourisme, c'est lui qui va mener la mission a bien tout en faisant et prenant des précautions pour son équipe et son patient. C'est lui qui va avoir un regard objectif, professionnel et médical sur l'état de santé de la personne. C'est lui qui va décider quel équipement spécial à utiliser pour extirper la personne sans aggraver la situation.

 Exemple d'exercices : chutes dans les escaliers de la menuiserie patient inconscient, fracture du tibia patient conscient, chute sur la tour américaine, chute dans la cave sismologique.
Tout ces endroits sont des endroits particuliers et ne se gèrent pas de la même façon. C'est pourquoi nous avons eu aussi des cours théoriques avec un guide professionnel de haute montagne, en sachant qu'Andréa est aussi guide haute montagne dans sa vie professionnelle.

Une fois que le patient est sécurisé il faut l'amener à l'hôpital.

Et c'est là qu'intervient la team HOPITAL sous le commandement de notre médecin Loredana.
Composée de : Loredana, Wenceslas (géo-sismo), Vivien (plombier chef technique), Camille (glaciologue) et moi même. 
Durant notre été et l'hiver, nous faisons des formations pour nous entrainer à des manipulations médicales afin d'assister et d'aider Loredana en cas de problème.
Une des premières choses qu'elle nous a appris est de gérer l'HYPOTHERMIE. Logique tu me diras nous sommes dans l'endroit le plus froid de la planète. Mais c'est pas aussi simple et les conséquences peuvent tomber rapidement et devenir grave.
Elle nous apprit également à installer le monitoring (battement du cœur, taux d'oxygène (saturation), monitoring du cœur ... ). Elle nous apprend à essayer d'interpréter les signaux vitaux.
Je le répète encore une fois, je n'ai pas les termes techniques, je ne suis pas une professionnelle.
Défibriler, faire un plâtre,ausculter pour comprendre et essayer de voir d'autre problème en cas, comprendre un monitoring, remettre en place luxation, poser une voie centrale, intuber, etc ...
Il faut savoir aussi que nous sommes relier et sous la resposabilité d'un hôpital, dans notre cas c'est en Italie. Ils se doivent de répondrez à l'appel au secours de notre Doc et de l'assister par visio conférence si elle le souhaite. C'est à dire que si la doc se retrouve face à une situation à laquelle elle n'est pas confortable (ne pensez pas qu'elle est incompétante, bien au contraire, mais la médecine est tellement vaste qu'elle ne peut pas tout savoir), elle peut demander une visio conférence pour qu'un médecin l'assiste à distance.
Prochaine étape : LES POINTS DE SUTURE ! 


Nous faisons des exercices de chaques une fois par mois. En générale, un exercice rescue collabore avec un exercice hôpital.
Il faut savoir aussi que pendant un exercice incendie, la rescue et l'hôpital se tiennent prêt à intervenir en cas de blessés.
Comme vous avez pu le constater plusieurs d'entre nous faisons parti de deux équipes. Et bien oui nous sommes que 12 sur la base pendant l'hiver ils nous incombe donc d'assurer deux rôles, cela étant dit nos deux rôles ne se touchent quasi jamais c'est pourquoi nous pouvons faire parti des deux équipes.

Et pour finir ce long article, même si cela peut-être dur parfois, cela te fais voir tes limites, repousse tes limites. C'est génial. Nul part, dans n'importe quel autre entreprise, expérience, je n'aurai pu vivre cela. Apprendre tout ça, vivre tout ça, découvrir de nouveaux métiers ... C'est génial et rien que pour ça je suis fière de faire partie de cette mission.
Je vais revenir avec des tonnes de souvenirs, de connaissances et même de connaissances sur moi même. Et nous faisons tout ça en équipe. Ensemble.

Ça peut vous paraître utopique mes derniers mots mais c'est que je ressens et surtout je considère cela comme une chance inouïe.



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A part travailler dans ton propre domaine, tu peux aider les autres au travail ! Ou t'amuser !

 On me demande souvent ce que je fais de mon temps libre.  Pleins de choses ! Non je ne m'ennuie pas  Bien au contraire ... J'ai ryt...